1) Gouvernance : deux nouveaux acteurs pour plus de lisibilité
Le texte crée d’abord un Conseil national de l’orientation et de la formation professionnelles, placé auprès du ministère du Travail.
Sa mission ? Assurer la cohérence nationale des politiques de compétences, suivre des indicateurs partagés et alimenter le débat public avec des repères solides.
Son entrée en vigueur est prévue le 1er janvier 2026.
La deuxième brique est la création d’une instance paritaire nationale (réseau des CPIR / Transitions Pro) chargée de coordonner les orientations nationales du PTP, répartir les fonds et piloter un SI commun.
La montée en puissance de cette instance sera progressive entre 2026 et 2028.
2) Période de reconversion : faciliter les mobilités internes et externes
La période de reconversion remplace la Pro-A, un dispositif qui n’a jamais trouvé son public depuis sa création. Elle ciblera l’acquisition d’une certification ou de blocs de compétences, pour une mobilité interne ou externe à l’entreprise, sur le même principe que l’alternance. L’idée est simple : sécuriser un changement de métier sans casser la trajectoire du salarié.
- En cas de mobilité interne : contrat et rémunération maintenus, organisation cadrée par accord écrit.
- En cas de mobilité externe : contrat d’origine suspendu, CDD/CDI dans l’entreprise d’accueil avec période d’essai encadrée et un droit au retour dans l’entreprise initiale.
- Durée : de 150 à 450 heures sur 12 mois, extensible jusqu’à 2 100 heures sur 36 mois par accord.
- Financement : OPCO + mobilisation du CPF (plafond de 50 % en interne, pas de plafond en externe).
Elle propose des périodes de reconversion interne vers la maintenance et la qualité : 300 heures de formation sur 10 mois, CPF mobilisé à 40 %, organisation en alternance « 2 jours formation / 3 jours production. »
La nouveauté n’est pas que juridique, elle est culturelle : on sort d’une logique « one shot » pour entrer dans une dynamique continue d’ajustement des compétences. Avec, en filigrane, l’idée que la reconversion n’est plus l’exception, mais un mouvement normal d’une carrière longue.
3) Entretien de parcours professionnel, évolution de l’entretien professionnel
L’ex entretien professionnel devient un véritable entretien de parcours.
Le rythme se stabilise et s’enrichit : tous les 4 ans, avec un état des lieux à 8 ans (contre 2 et 6 actuellement), mais aussi un entretien après la visite médicale de mi-carrière et un entretien « fin de carrière » dans les deux années précédant les 60 ans. Cela s’applique depuis le 1er octobre 2026.
- Finalité : pas d’évaluation, mais un accompagnement des compétences et des mobilités (entretien professionnel).
- Contenu : compétences mobilisées, besoins de formation, projets d’évolution, mobilité interne/externe, VAE, bilan, PTP.
- Appuis : pour les < 300 salariés, l’OPCO peut accompagner la préparation des entretiens. Le Conseil en évolution professionnelle (CEP) est mobilisable par le salarié.
Risque d’effet tunnel : les signaux faibles (usure, obsolescence des compétences, souhaits de mobilité) sont détectés trop tard.
4) Calendrier et implications
- 1er janvier 2026 : installation du Conseil national, entrée en vigueur de la période de reconversion.
- 2026 → 2028 : montée en charge de l’Instance paritaire nationale (réseau CPIR/Transitions Pro).
- 1er octobre 2026 : démarrage de la période de référence pour les entretiens de parcours professionnel.
Au niveau des entreprises, cela va impliquer plusieurs choses :
- Revoir la négociation (ou la DUE selon les cas) pour les reconversions externes.
- Articuler et négocier les règles de cofinancement OPCO/CPF.
- Mettre à jour les process RH et former les managers (traces d’entretien, bilans, synchronisation avec santé au travail).
À retenir
- Deux nouvelles instances nationales pour coordonner et financer plus lisiblement.
- Une période de reconversion plus souple que la Pro-A, pour faciliter les mobilités internes ou externes.
- L’entretien professionnel devient un entretien de parcours centré compétences et mobilités, moins fréquent (tous les 4 ans), mais plus complet qu’auparavant.

