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Justifier de sa compétence comme formateur, oui mais comment ?

Digiformag - Comment justifier de sa compétence de formateur ?
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SOMMAIRE

Être expert d’un sujet ne suffit plus pour se dire formateur. Dans un univers où la qualité est scrutée, savoir transmettre, évaluer, s’adapter… et le prouver est devenu indispensable. Comment un formateur peut-il justifier de ses compétences ? Et surtout, de leur maintien dans le temps ? Éléments de réponse.

Dans un secteur en perpétuelle professionnalisation, le rôle du formateur ne s’improvise pas. Qu’il intervienne en présentiel, à distance ou en situation de travail, le formateur est tenu de démontrer sa compétence. Cette exigence ne vient pas seulement de la réglementation, des organismes certificateurs comme Qualiopi, mais aussi des financeurs, des entreprises clientes, et des apprenants eux-mêmes.

Alors que signifie « être compétent » en tant que formateur ? Et surtout, comment en apporter la preuve de manière claire, crédible et durable ? Compléter cette obligation peut-il être un levier de différenciation ?

La justification de compétence sur le plan technique

Pour plus de clarté regardons d’abord la partie « technique », un peu comme si une formation se limitait à la maîtrise de son contenu, absente de toute notion d’andragogie.

Ce que dit la loi

Article L6352-1 du Code du Travail : l’organisme de formation doit justifier des titres et qualités des personnels d’enseignement et d’encadrement qui interviennent à quelque titre que ce soit dans les prestations de formation qu’elle réalise, et de la relation entre ces titres et qualités et les prestations réalisées dans le champ de la formation professionnelle. Le non-respect de cette obligation peut conduire, après contrôle, à l’annulation de la déclaration d’activité (article L6351-4 du Code du travail), voire à une sanction pénale (amende de 4 500 euros – article L6355-6 du Code du travail).

Les enjeux sont donc de taille pour l’organisme de formation mais aussi pour le formateur, qu’il soit indépendant ou non. Comment faire alors pour enseigner, en respectant les règles de l’art, cette thématique à laquelle vous tenez tant ? Cela dépend ! 

Des critères différents selon le caractère de la formation visée

La première question à vous poser est : la formation souhaitée bénéficie-t-elle d’un contexte certifiant ou attestatif ?

Pour mémoire, certaines formations font l’objet d’une certification délivrée par un certificateur. 

Celle-ci peut faire l’objet d’un enregistrement auprès de France Compétences (exemple : le RS avec le CACES®) ou uniquement auprès du certificateur concerné (exemple : l’INRS/CARSAT avec le Sauveteur Secouriste du Travail). D’autres formations ne relèvent pas de ce contexte et peuvent être considérées comme étant du domaine attestatif.

La formation certifiante

Souvent, le certificateur a apposé un cadre pour définir la compétence de celui qui formera les apprenants. La voie sera simple : détenir la formation de formateur certifiante dans le domaine vous permettra de former les acteurs. Si rien n’a été prévu par le certificateur alors on partagera la même obligation que celle suivant pour les formations attestatives.

La formation attestative

Il est logique que pour enseigner dans un domaine, une expérience dans ce domaine soit requise. Aussi lorsque rien n’est défini on peut considérer que la justification de compétence peut arriver par 3 moyens (cumulables) :

  • Disposer d’une expérience passée ou présente significative en lien avec l’activité.

Par exemple : vous avez été formateur interne pendant de nombreuses années, vous abordiez les approches posturales sur les différents postes de travail de votre entreprise. 

Attention, certaines instances ne reconnaissent pas nécessairement l’expérience de formation comme un justificatif. Vous pouvez très bien « faire mal le boulot » depuis des années. Par exemple, la DREETS Auvergne Rhône-Alpes ne considère pas une expérience comme formateur des membres des Comités Sociaux et Economiques (CSE) de plusieurs années comme un justificatif de compétences. 

Autre exemple : L’institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) dans sa Recommandation ED6127 stipule dans les exigences du formateur qu’il possède une expérience professionnelle d’au moins 3 années dans le domaine du niveau d’habilitation électrique concerné. Néanmoins, l’habilitation électrique ne fait pas l’objet d’une certification mais uniquement l’objet d’une norme. Cette norme ne mentionne pas cette durée, et même si c’était le cas, la norme est à considérer comme une préconisation vers laquelle il faut tendre pour être « réputé » compétent.

  • Détenir un diplôme en lien avec l’activité

La détention d’un ou de plusieurs diplômes reconnus peut permettre la justification.

Par exemple : vous avez un diplôme de kinésithérapeute ? Enseigner des formations aux Gestes & Postures vous sera techniquement possible.

Parfois, un diplôme vous permettra également de bénéficier d’un allègement sur une formation de formateur certifiée, c’est le cas pour le formateur aux Premiers Secours Civiques (PSC, ex PSC1) souhaitant devenir formateur Sauveteur Secouriste du Travail par exemple.

  • Suivre une formation de formateur

Mais attention ! Pour les formations attestatives, il n’existe pas de formation de formateur à proprement dit, ou tout du moins il n’y en a pas d’obligatoire. De facto, si vous faites ce choix-là il faudra être prudent quant aux propositions pédagogiques (contenu & durée) que vous proposeront les organismes de formation car elles pourront varier énormément. Il faudra sélectionner celle qui, de par un contenu exhaustif et une durée suffisante, vous permettra d’atteindre une justification de compétence. La formation de formateur réalisée n’aura pas de valeur de par l’attestation délivrée à la fin mais plutôt de par le contenu que vous aurez acquis en la suivant. 

Ce que dit Qualiopi

L’indicateur 21 du critère numéro 5 de Qualiopi rappelle cette obligation sur la mobilisation et l’évaluation des compétences des formateurs, dans les modes de preuves existants il est possible de fournir par exemple le Curriculum Vitae ou les attestations de formations initiales et continues des intervenants.

Mais attention ! Si Qualiopi bénéficie d’un certain niveau d’exigence, la DREETS, grand contrôleur des organismes de formation est bien plus pointilleuse. Aussi, la « simple » présentation du CV du formateur ne sera pas suffisante pour elle. Il faudra détailler les expériences grâce à la fourniture d’éléments complémentaires : contrats de travail, bulletins de paies, fiches de postes, tout élément prouvant la nature des tâches effectuées en lien avec la compétence visée.

La justification de compétence pédagogique

Être formateur ne se résume pas à maîtriser un contenu.

Il faut également :

  • savoir le transmettre (compétences pédagogiques) ;
  • adapter sa méthode aux publics (ingénierie pédagogique) ;
  • accompagner les apprenants (posture, évaluation, motivation).

La compétence d’un formateur est donc plurielle : technique, pédagogique, relationnelle et parfois même digitale. Mais… Le législateur ne demande absolument rien à ce sujet-là ! Si le certificateur de la formation peut imposer le suivi d’un certain parcours pédagogique, sachez que la loi française ne vérifie aucunement la compétence pédagogique des formateurs, elle n’impose d’ailleurs rien à ce sujet. Vous pouvez être le meilleur des techniciens mais le pire des pédagogues, la loi n’empêchera pas votre auto-proclamation comme formateur !

Une compétence non entretenue s’étiole dans le temps

La compétence doit se maintenir voire se renforcer dans la durée ! Mais sous quelle temporalité ? Rien n’est dit et pourtant… si vous connaissez votre domaine, vous savez à quel point les évolutions règlementaires vont vite et comme il est important de « se tenir à jour ». N’oublions pas non plus qu’un diplôme est la preuve de savoirs acquis à un instant donné.

Là aussi, le certificateur de votre formation peut avoir fait le job. Par exemple, un formateur Sauveteur Secouriste du Travail se doit de suivre un « Maintien et Actualisation des Compétences » tous les 3 ans s’il veut poursuivre l’enseignement. A contrario, la formation certifiée par le Répertoire Spécifique sur la Conduite des engins en sécurité (CACES®) ne bénéficie d’aucun cadre sur une hypothétique formation de formateur. On peut raisonnablement imaginer que si un CACES® a une durée de validité de 5 ans dans la logistique, un formateur en la matière devrait à minima suivre une formation de formateur à la conduite d’engins tous les 5 ans. Néanmoins, il n’y a que des formations de formateur attestatives en la matière ! 

Il n’y a donc aucune vérité quant à la périodicité à laquelle votre compétence doit être maintenue, sans doute parce que le chemin à privilégier est celui de l’autonomie. Toutefois l’indicateur 22 du critère 5 de QUALIOPI vous force la main !

Voici quelques propositions de solutions lorsqu’aucun cadre n’est édicté :

  • Participer à des formations certifiantes ou qualifiantes (ex. : FOAD, pédagogie active, nouveaux outils numériques).
  • Suivre des MOOC, webinaires, séminaires ou conférences liés à la pédagogie, au domaine d’expertise ou aux évolutions réglementaires.
  • Obtenir des attestations de participation, certificats, ou preuves d’inscription.
  • Effectuer une veille sectorielle sur son domaine d’intervention (nouveaux textes, tendances métier).
  • Suivre une veille pédagogique : innovation en formation, outils numériques, neurosciences, etc.
  • Utiliser des outils de curation (Feedly, Pearltrees, newsletters spécialisées).
  • Animer des sessions sur une base régulière, avec des bilans qualité.
  • Adapter ses supports pédagogiques (preuve d’actualisation).
  • Mettre à jour les objectifs pédagogiques selon les retours des sessions précédentes.
  • Participer à des groupes d’analyse de pratiques ou de co-développement entre pairs.
  • Faire de l’auto-évaluation ou se faire accompagner par un pair ou un superviseur pédagogique.

La liste n’est pas du tout exhaustive !

Disposer et préparer ces documents : un must have

Tout organisme de formation sérieux souhaitant travailler avec vous sera amené à vous demander vos justificatifs de compétences. Toutefois, certains organismes de formation ne disposent pas d’un processus de vérification des compétences clair et précis pour les formateurs indépendants qu’ils missionnent. C’est encore plus vrai pour ceux qui ne font pas l’objet d’une certification Qauliopi. 

Construire un portefeuille de preuves ou un dossier professionnel est aujourd’hui une bonne pratique.

Il peut inclure :

  • une biographie professionnelle, un CV de formateur ;
  • des preuves classées avec un nom qui correspond (certificats, retours stagiaires, programmes de formation animés…) ;
  • un lien vers un profil professionnel (LinkedIn, site…) ;
  • un tableau synthétique croisant compétences et preuves associées.

Vous marquerez ici votre différence et votre sérieux ! Véritable vitrine de votre posture professionnelle, c’est ainsi qu’un organisme de formation se tournera davantage vers vous qu’un confrère. Avouez-le ! N’entreriez-vous pas plus facilement dans un magasin dont la vitrine est flambant-neuve, les articles tous présentés et bien organisés plutôt que dans celui dont vous ne savez même pas ce qu’il propose ?

Conclusion

La justification de compétence pour le formateur est un sujet sérieux, dans la formation professionnelle seul un faisceau de preuves vous permettra d’aboutir, en combinant diplômes, expériences, évaluations, production ou animation et actualisation. Profiter de cette obligation pour mettre en valeur ce que vous proposez et qui vous êtes n’est pas une occasion perdue, bien loin de là !

Maël Wattez

Maël Wattez

Il découvre la formation en sécurité un peu par hasard, mais y trouve vite sa voie. Après huit ans comme formateur indépendant, il dirige un centre de formation puis devient chargé de développement en Haute-Savoie. Il pilote aujourd’hui l’Académie des formateurs, un projet dédié à la professionnalisation des formateurs. Auteur d’un livre dédié aux formateurs indépendants en santé et sécurité au travail paru en 2023, il est aussi rédacteur web spécialisé.

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