Ou comment une réforme pensée pour fluidifier les parcours pourrait à nouveau cristalliser les lignes de fracture…
La reconversion professionnelle : un enjeu politique
La reconversion professionnelle est désormais sur toutes les lèvres, à tous les niveaux.
Elle incarne à la fois un droit, une nécessité économique, un enjeu RH et… un casse-tête institutionnel et politique. Car derrière le mot « reconversion », on trouve tout un écosystème d’acteurs, de dispositifs, de logiques parfois contradictoires.
Alors quand un projet d’ANI (accord national interprofessionnel) entend revisiter les règles du jeu, la partie devient vite sensible. Surtout quand il s’agit de la version des syndicats patronaux.
Le cas du PTP
Parmi les points structurants du projet : l’évolution du Projet de Transition Professionnelle (PTP).
Comme annoncé par l’exécutif depuis plusieurs mois, ce dispositif pourrait être largement revu. Un transfert de gouvernance est envisagé : fini le pilotage par les OPCO, place à Certif Pro.
À cela s’ajoute la volonté de rendre le CEP obligatoire pour tout dossier. Ce recours, s’il est une bonne idée en soi, peut aussi être un frein pour la mise en place de projets de reconversion, en rajoutant une étape supplémentaire.
Fusion des Pro-A et Transco : une clarification… ou un flou supplémentaire ?
Depuis des mois, on pressent la fusion entre la Pro-A et le dispositif Transco.
Pour les remplacer, une « période de reconversion » pourrait ainsi voir le jour. Ce dernier dispositif, plus accessible, sans critère d’âge ou de diplôme, serait cofinancée via le CPF et les OPCO.
Un guichet unique pour la reconversion des salariés
L’un des tournants les plus structurants du texte concerne la nouvelle place que pourrait prendre Certif Pro.
Ce dernier deviendrait le pilote unique du PTP, du CEP, et des ATPro – ces derniers étant rebaptisés « Maisons de la reconversion. »
L’objectif affiché : créer un guichet unique pour fluidifier les démarches.
L’entretien professionnel : moins fréquent, mais plus « stratégique » ?
Autre évolution notable : le rythme et la structure de l’entretien professionnel, tel que nous le connaissons.
Aujourd’hui mené tous les 2 ans avec un bilan à 6 ans, il pourrait devenir un “entretien parcours professionnel”, avec quelques modifications notables :
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réalisé tous les 4 ans ;
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avec un entretien bilan tous les 8 ans.
Cette mesure représente une forme d’assouplissement pour les entreprises en termes de récurrence de l’échéance.
Les sujets à aborder au cours de cet entretien augmenteraient :
- compétences et qualifications mobilisées ;
- besoins en formation ;
- souhaits d’évolution ;
- analyse du parcours au regard des évolutions métiers ;
- identification de situations d’illettrisme ;
- la possibilité d’une période de reconversion.
L’entretien serait proposé systématiquement après certaines interruptions (maternité, longue maladie…) et également intégré au passeport de compétences du salarié.
Si, en 8 ans, le salarié n’a pas eu deux entretiens et au moins une formation (hors obligatoires), alors l’abondement du CPF se ferait selon les règles en vigueur (3 000 euros/salariés concernés). L’application ne serait que pour les entreprises de + 50 salariés
Une attention particulière aux entreprises de taille intermédiaire
Le projet introduit également l’idée d’une nouvelle ligne budgétaire pour les entreprises de 50 à 299 salariés pour financer la formation de leurs salariés.
Un signal positif, tant cette tranche d’effectifs reste souvent “oubliée” dans les dispositifs.
Toutefois, il y a également un flou sur le mode de financement, le fléchage ou le volume.

