Le CPF est un dispositif qui continue à faire parler de lui en 2023. S’il a focalisé l’attention au cours des derniers mois à travers la lutte anti-fraudes, force est de constater que ces mesures ont été suivies de près. Après avoir atteint des sommets en 2021 et 2022, celui-ci semble désormais en déclin très net.
Alors, quelle est la réalité de ces chiffres, et qu’est-ce qui explique ce phénomène de baisse continue amorcé depuis fin 2022 ?
Une baisse marquée du nombre de dossiers
Les données de l’Opendata de la Caisse des dépôts et consignations révèlent une diminution de 30 % des dossiers de formation professionnelle déposés sur les 6 premiers mois de l’année 2023 par rapport à la même période en 2022. Cette baisse est relativement marquée mois après mois, même si elle semble désormais fléchir (- 21 % pour le mois de juin 2023).
Logiquement, cette baisse en volume s’accompagne également d’une réduction d’environ 30 % des montants engagés.
Toutefois, ce constat ne signifie pas nécessairement un recul de toutes les offres de formation présentes sur Mon Compte Formation (MCF) car :
- Il y a deux fois moins d’organismes présents sur Mon Compte Formation en 2023 qu’en fin 2021 (moins de 10.000).
- La baisse est hétérogène en fonction des types de prestation :
- le bilan de compétences, par exemple, enregistre une croissance de 3 % du nombre de bénéficiaires par rapport à 2022. Cette augmentation peut être expliquée par la tendance actuelle qui favorise les reconversions professionnelles, faisant du bilan de compétences un dispositif plus attractif que les autres formations.
- À l’opposé, la formation en création d’entreprise est en recul de plus de 50 %, en lien avec le déréférencement de nombreux OF proposant une offre non licite.
Une stabilisation en cours de l’offre de formation
Le nombre d’organismes répertoriés sur MCF parait globalement stable depuis la fin d’année dernière (9787 Vs 9823 en juin 2023) et pourrait indiquer l’atteinte d’un point d’équilibre où le nombre de nouveaux organismes intervenant sur le CPF remplace ceux qui cessent de faire financer leur offre via ce dispositif.
Parallèlement, le nombre de certifications actives a légèrement augmenté sur les premiers mois de l’année (3559 Vs 3467 fin 2022). Là encore, ce phénomène est récent et arrive après une baisse très sensible des certifications actives qui étaient encore plus de 6.000 fin 2021. 847 certifications au RS et 2712 au RNCP étaient actives sur MCF début juillet 2023.
Pour comprendre cela, il faut avoir en tête que l’enregistrement d’une certification professionnelle est un processus qui est à la fois long et exigeant. Depuis la reprise en main par France compétences en 2019 de ce processus, les exigences sont devenues de plus en plus difficiles, ce qui a conduit à des taux d’enregistrement relativement faibles (20 % pour le Répertoire spécifique, 65 % pour le RNCP en moyenne).
Désormais, on peut imaginer que la stabilisation du nombre de certifications tient au fait que la qualité moyenne des dossiers déposés augmentent, et que les aspirants certificateurs sont davantage professionnalisés et conscient des efforts à fournir pour obtenir le Graal (quitte à payer le prix d’un accompagnement).
Il est ainsi probable que les taux d’acceptation des certifications repartent à la hausse d’ici à la fin de l’année.
50 % des dossiers se retrouve sur 7 thématiques de formation
7 thématiques de formations captent à elles seules la moitié des dossiers financés par le CPF. Parmi elles, la conduite automobile (Permis B, notamment) représentent près d’un quart des dossiers financés.
Les 6 autres thématiques sont dans l’ordre d’importance :
- Langues (Anglais notamment).
- Bilan professionnel.
- Création entreprise|Transmission entreprise.
- Sécurité manutention|Chariot automoteur.
- Transport marchandise|Conduite poids lourd.
- Préparation VAE.
Modalités de formation et profil de participants
Le présentiel constitue la modalité préférentielle des bénéficiaires du CPF. En effet, seuls 17 % des dossiers de formation sont réalisés totalement à distance. Ce constat est à nuancer en fonction des thématiques ou de la nature des prestations. Par exemple, 50 % des bilans de compétences sont réalisés à distance, contre un pourcentage très faible des formations en logistique ou liées à l’hygiène et à la sécurité par exemple.
Concernant le profil des bénéficiaires, on observe plusieurs tendances :
- Une quasi-parité hommes/femmes (51/49) parmi les dossiers pris en charge.
- Près de 60 % des bénéficiaires sont âgés de 26 à 45 ans, ce qui indique que le CPF est principalement utilisé en début de carrière.
- Le rapport entre les cadres et les non-cadres est d’environ 20/80 (en excluant les demandeurs d’emploi). Le dispositif continue donc de bénéficier principalement aux salariés moins qualifiés, ce qui était l’une de ses promesses initiales.
En résumé, le système du CPF est aujourd’hui dans une phase de régulation avancée qui lui permet de se prémunir de dérapage financier. La trajectoire actuelle devrait mener à un atterrissage à environ 2 milliards d’euros pour 2023 (contre 3 milliards en 2021 et 2022). Toutefois, l’attente est forte autour du décret autour du reste à charge CPF qui pourrait changer la donne. Les prochaines semaines devraient être décisives sur ce sujet.
Chiffres intéressants précisément sur le bilan de compétences
Merci